Il faudrait que tu croies enfin à ma tendresse

Peut-on devenir, en oubliant ce que l'on a été ou subi ?...

C'est une histoire de résilience, ou plutôt une histoire DES résiliences, que nous propose l'auteur Jean-Claude Snyders dans ce récit autobiographique. Peut-on devenir, en oubliant ce que l'on a été ou subi ? Forcer la porte de son passé ne nous condamne-t-il pas à errer loin de nous-même, ou de ceux qui sont censés nous protéger et qui ont eux-mêmes été emportés...

Comment un petit garçon, pétri d'admiration et d'amour pour son père, peut-il saisir les terribles colères de ce dernier ?... Bouleversant...

Comment survivre à l’effroi, à la culpabilité qui s’abat alors ? C’est le départ du récit de Jean-
Claude Snyders sur la figure de Georges Snyders (1917-2011), son père, professeur en sciences de l’éducation à la Sorbonne et ancien prisonnier d’Auschwitz. Ce brillant intellectuel ne parvient pas à raconter à son enfant ce qu’il a vécu pendant la guerre...

Et si le seul moyen pour exorciser la terreur qui leur a été imposée jadis, n’était pas d’effrayer et de faire souffrir à leur tour pour en effacer le souvenir ?

Comment la souffrance passée peut-elle déconnecter un adulte de l’inconditionnelle tendresse qu’il doit dispenser à ses enfants ? Jean-Claude Snyder prolonge ici sa longue quête intime autant que littéraire d’un père qui, pourtant si attentif à tous, drôle et chaleureux, pouvait dans l’instant d’après se montrer furieux et effrayant. Durement éprouvé par l’horreur des camps de concentration nazis, il avait cru protéger ses proches en enfermant son lourd passé dans un total silence...

"Je sentais qu'il y avait quelque chose qui n'était jamais dit, pas explicité "...

C'est par le sceau d’un mal absolu que la famille de Jean-Claude Snyders a été marquée. De celui qui plante ses griffes dans la chair, comme ce numéro tatoué sur le bras de son père, Georges, et marque les âmes au fer rouge, sur plusieurs générations. Un mal dont Jean-Claude Snyders ne connaîtra le nom  que bien plus tard : Auschwitz, camp d’extermination où les nazis envoyèrent à la mort près de 4 millions de juifs et dont est sorti rescapé son père...