La chronique d'Yveline Jaboin : Décembre 2009 - Le stress des enseignants
Publiée le 02 janvier 2010 dans la catégorie Archives
D’après une enquête publiée en 2007 (1), les enseignants sont parmi les personnes les plus touchées par le stress au travail. La charge et l’intensité du travail, les nombreux rôles à endosser, l’accroissement de la taille des classes et l’augmentation des comportements déviants des élèves ont été identifiés comme les plus importants facteurs de stress dans plusieurs pays européens. En conséquence, les enseignants se plaignent de leurs conditions de travail, de la pénibilité du métier et de la difficulté d'enseigner.
En France, selon Laurence Janot-Bergugnat et Nicole Rascle (2), le stress des enseignants n’est pas nouveau, mais aujourd’hui le malaise serait amplifié par l’accélération des réformes. Le malaise des enseignants serait donc lié à la « maladie » du système éducatif. Plusieurs sources de stress ont été mises au jour, en lien avec l’interprétation donnée par les enseignants de leur environnement de travail. La plus fréquente, tous enseignants confondus, concerne les relations avec les élèves, les parents, les collègues, la hiérarchie. Un manque de soutien est également ressenti par les enseignants ainsi qu’une difficulté à intéresser les élèves au quotidien. À cela s’ajoute le sentiment de ne plus trop savoir ce que l'on attend d'eux et l’idée selon laquelle ce qui leur est demandé ne correspond pas forcément à leur éthique professionnelle. Quand le stress devient trop important, il se transforme en épuisement professionnel, empêchant l'enseignant de remplir sa mission.
Comment y remédier ? Comment prendre en main la gestion du stress ? Françoise Lantheaume et Christophe Hélou (3) proposent quelques pistes lorsque des problèmes apparaissent. Parmi celles-ci, le partage de son stress permet de passer du statut de victime à celui d’acteur. Ainsi, il est indispensable d’échanger entre collègues et, si cela s’avère nécessaire, il faut se tourner vers l’institution pour contacter des réseaux d’aide (médecins, assistants sociaux, etc.). Il vaut mieux également éviter de ramener chez soi les conflits vécus dans le milieu professionnel, et donc, dissocier vies privée et professionnelle. D’ailleurs, d’après ces sociologues, les enseignants résistant le mieux au stress sont ceux qui ont une activité extrascolaire (syndicale, politique, artistique ou associative…). Ils y puisent des ressources qu'ils utilisent ensuite dans leurs classes.
Certains IUFM, sensibilisés à ce problème, proposent déjà, dans le cadre de la formation continue ou initiale, des modules de formation à la gestion du stress. Par ailleurs, l’enquête - intitulée « Les déterminants et les conséquences de l’épuisement professionnel des enseignants : quels effets sur leur santé ? Quels effets sur les élèves ? », menée auprès des professeurs débutants dans le métier et dont les résultats sont attendus en 2013 - devrait également permettre d’élaborer des actions de prévention individuelles et/ou collectives. Cependant, selon les recherches évoquées, la prévention du stress passe en premier lieu par l’existence de collectifs de travail donnant de la force aux enseignants, donc par l'évolution de l'organisation du travail, des rapports hiérarchiques et des pratiques de management au sein des établissements scolaires.
(1) Billehøj, H. (2007). Rapport sur l’enquête du CSEE sur le stress au travail des enseignants.
(2) Janot-Bergugnat, L. & Rascle, N. (2008). Le stress des enseignants. Paris, Armand Colin.
(3) Lantheaume, F. & Hélou, C. (2008). La souffrance des enseignants. Paris, PUF.
Catégorie
Année de publication
Nous suivre sur nos espaces sociaux