Les écoles de production, écoles laïques hors contrat, telles qu'elles sont financées par le fonds A2i, sont un moyen de lutte contre le décrochage scolaire. Article Education Magazine.

Lutte contre le décrochage scolaire : La solution des écoles de production

Publiée le 16 décembre 2013 dans la catégorie Initiatives pédagogiques

L'étude PISA a récemment démontré les inégalités du système scolaire français. Ce faisant, elle a aussi mis en lumière le décrochage scolaire - fait de quitter l'école avant l'obtention d'un diplôme de niveau V (CAP ou BEP) qui touche 17-18% d'une classe d'âge. Pour endiguer ce phénomène plusieurs initiatives, publiques ou privées, se sont mises en place, dont les écoles de production, école-atelier qui met l'élève en situation de production. « Imaginez une entreprise intégrée dans l'école, explique Gaël Mary, directeur de l'école de production de Toulouse, au moment de décrire son établissement. Les jeunes produisent pour de réels clients en fonction de la demande et nous vendons leur production. »*

Un modèle pédagogique alternatif

« La demande peut être adaptée en accord avec les entreprises partenaires. Il n'y a jamais plus de 3, 4 jours de différence avec un autre atelier pour la même qualité : nous sommes des entreprises certifiées », remarque Brigitte Dusquennes, directrice de l'école de production de Lille. Cela est rendu possible par un accompagnement des professionnels – un pour 4 ou 5 élèves dans l'atelier – et par une adaptation de la difficulté des pièces à réaliser aux compétences des élèves. En plus des deux tiers de leur temps passé en atelier, les élèves suivent des cours théoriques, en salle de classe, face à des enseignants qui usent de cas concrets pour favoriser leur compréhension.

« Pour gérer un établissement pareil, note Gaël Mary, il faut savoir allier éducatif et professionnel, jongler entre les exigences de la production, de la formation et de l'éducatif. » Il faut savoir aussi gérer l'apprentissage du « savoir-être : la ponctualité, l'absentéisme » note Gaël Mary qui ajoute que « l'école essaye de transformer l'échec d'un élève en expérience à ne pas reproduire. Il y a des discussions, des entretiens. ». « Nos problématiques sont les mêmes », confirme Brigitte Dusquennes.

Un système équilibré

Le système fonctionne. « Les élèves adhèrent, d'abord à l'école, ensuite au métier. » Remarque Gaël Mary. D'un point de vue scolaire, d'abord, puisque 90% des élèves en sortent avec le CAP en poche et Gaël Mary souligne que l'école « ne communique surtout pas sur leur passé de décrocheurs scolaires. Nous les présentons comme des jeunes avec une forte expérience – après deux ans en atelier – dans des métiers où il y a peu de main d'oeuvre. Ils sont très recherchés. Certains trouvent directement du travail alors que d'autres continuent vers un Bac Pro en apprentissage. »

Mais aussi d'un point de vue économique. Les deux écoles de Toulouse et Lille sont financées à 40% par les ventes, 50% par la taxe d'apprentissage et 10% par la région. « Bien sûr, reconnaît Gaël Mary, c'est un établissement qui coûte plus cher qu'un lycée professionnel mais la vente de la production permet de le rendre moins coûteux ». « Aujourd'hui, le fonds A2i finance les écoles de production – bien que ce ne soit pas le seul dispositif où nous intervenons, remarque Denis Boissard, directeur général du fond A2i. Mais aussi la diffusion de ce modèle. Nous avons commencé mi-2011 et avons aujourd'hui 20 écoles pour 540 élèves (ndlr : 42 élèves à Toulouse et 35 à Lille). Nous visons les 52 écoles fin 2015. »

A la recherche d'une reconnaissance

Malgré cette augmentation promise, la réponse offerte par les écoles de production face au décrochage reste partielle : de par son objet (les jeunes doivent être intéressés par l'industrie et habiles de leur main) et sa couverture du territoire (540 places par an pour plus de 100 000 décrocheurs). De plus, très peu de filles sont concernées. Antonio Correia de la mission locale de Paris – organisme qui fait partie, comme les Centres d'information et d'orientation ou les Centres sociaux, de l'ensemble des partenaires qui travaillent auprès des jeunes en situation de décrochage et les orientent, notamment vers les écoles de production – affirme : « Ce type de solution fait partie de la palette des outils à utiliser face au décrochage scolaire. Il faudrait lui donner un statut d'expérimentation et insister sur la collaboration entre les acteurs et les initiatives afin de les rendre cohérentes. »

Le statut d'expérimentation qu'il évoque a fait l'objet d'une proposition de loi en novembre 2012. Elle visait à donner une période d'expérimentation pédagogique de cinq ans comme l'autorise la Constitution. Cela aurait notamment permis aux élèves de ces écoles de bénéficier du statut d'étudiant (et ainsi bénéficier de bourses, d'avantages systématiques comme les transports, aujourd'hui accordés par les collectivités territoriales sur la demande des écoles). Elle a cependant été repoussée par le Sénat au motif que cela « constituerait potentiellement une rupture dans l’égalité de traitement de l’ensemble des établissements d’enseignement technique privés ».

Article paru sur le site Educationmagazine.fr, publié par FABERT

>> Crédits photos : DR/ Fonds A2i


Les chiffres du décrochage 

Deux définitions possibles au décrochage. Celle offerte par l'État français, selon laquelle le décrocheur est un jeune de 16 ans n'ayant pas obtenu de diplôme niveau V (soit BEP et CAP) et celle offerte par l'Union Européenne, selon laquelle le décrocheur est un jeune qui, entre 18 et 24 ans, n'a pas de diplôme de niveau V et n'a pas suivi de formation au cours des 4 semaines précédent l'enquête. En moyenne, en 2007, 2008, 2009, en moyenne 120 000 jeunes (soit 17 à 18% des 700 000 élèves sortants de l'école chaque année) sont sortis sans diplôme ou seulement le Brevet. En ce qui concerne la définition de l'UE, la France comptabilisait en 2010, 12,6% de décrocheurs selon l'UE, contre 14% en moyenne dans les pays de l'UE.
>> Plus de précisions dans cet article des Cahiers pédagogiques sur la mesure chiffrée du décrochage.
>> L'état de l'école (en 2011), cf indicateurs 24 et 25. (au format PDF)

 

* L'ensemble des citations données ici sont issues d'une table ronde organisée par l'A2i le mercredi 11 décembre dans les locaux de l'IUMM.

Nous suivre sur nos espaces sociaux

Un conseiller d’orientation FABERT vous contactera dans les plus brefs délais pour répondre à vos questions et, si vous le souhaitez, organiser un rendez-vous dans un Centre FABERT. Du lundi au samedi de 9h30 à 18h00.



En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies et autres traceurs présents sur ce site dans le but de réaliser des statistiques de visitesEn savoir plusFermer