L’automne 2010 est marqué par une série d’annonces programmatiques sur les changements à apporter au fonctionnement du système éducatif, annonces clairement situées dans la perspective de l’élection présidentielle de 2012. Sont notamment sur la sellette le concept de collège unique, l […]

La chronique d'Yveline Jaboin : La notation des élèves à l’école primaire

Publiée le 01 décembre 2010 dans la catégorie Archives

 


L’automne 2010 est marqué par une série d’annonces programmatiques sur les changements à apporter au fonctionnement du système éducatif, annonces clairement situées dans la perspective de l’élection présidentielle de 2012. Sont notamment sur la sellette le concept de collège unique, les modalités d’entrée en 6e et, dernièrement, les pratiques de notation à l’école primaire. 

En Europe, dans le premier degré, la notation sous forme numérique (des notes sur la base de 10 ou 20) n’existe pas le plus souvent ou est fortement encadrée (1). Ainsi, en Suède, les élèves ne sont pas notés jusqu’en 4e. Au Danemark, l’évaluation prend la forme d’un rapport sur les performances académiques et le développement personnel et social de l’enfant, en Italie, d’une grille d’évaluation à 5 niveaux (excellent, très bon, bon, passable et insuffisant). En France, on utilise principalement l’évaluation individuelle sur travaux écrits et l’interrogation orale est pratiquée à la marge. D’autres pays ont développé des méthodes plus « actives ». Le Canada, par exemple, a mis en place des portofolio (portefeuilles de compétences) ou encore l’évaluation des projets de classe permettant d’évaluer le travail d’un groupe d’élèves ainsi que la pratique du travail de groupe. En Finlande, l’autoévaluation est bien développée.

En France, de plus en plus de voix s’élèvent pour proposer la suppression des notes, particulièrement dans le premier degré. Il est notoire que la notation répétée des élèves contribue à accentuer l’échec scolaire en décourageant, au lieu de mettre en confiance et de valoriser les potentialités positives. Depuis le début des années 2000, André Antibi (2), entre autres, dénonce le poids excessif de la note dans le système éducatif français, laquelle fonctionne comme un couperet destiné à sélectionner les élèves. La notation obéit généralement à la règle des trois tiers : un tiers de « mauvaises » notes, un tiers de notes « moyennes »  et un tiers de « bonnes » notes, y compris quand les objectifs ont été globalement atteints par la grande majorité des élèves. Les enseignants semblent se sentir obligés, inconsciemment, de mettre un certain nombre de mauvaises notes, ce qu’André Antibi appelle la « constante macabre », comme si c’était la condition pour qu’une évaluation soit crédible.  

Rejoignant le combat d’André Antibi - qui reçoit en 2010 le soutien des principales fédérations de parents d’élèves du public et du privé (FCPE, PEEP et APEL) - l'AFEV (Association de la Fondation Etudiante pour la ville dont les membres, étudiant-e-s font du soutien scolaire), a lancé en septembre "un appel national à la suppression des notes à l'école élémentaire, comme premier pas vers une refonte globale du système d'évaluation et de notation" (3).    

Mais, aujourd’hui, en Europe, la tendance au retour des notes semble d’actualité, même dans des pays, comme la Suède, ayant été les plus progressistes en matière de notation. Nathalie Mons souligne qu’en Suisse, dans deux cantons, la droite a fait campagne sur le retour à l’évaluation classique, imposant ainsi sa vision de l’Ecole ce qui lui a permis de progresser politiquement. En France, la proposition de supprimer la notation des élèves à l’école primaire a été accueillie avec réticence par le ministre de l’Education nationale Luc Chatel, ce qui, en la matière, est en adéquation avec la prise de position des partis clairement situés à droite sur l’échiquier politique dans les pays européens. 

(1) Mons, N (2010). Notes au primaire. Qu’en est-il chez nos voisins ? L’expresso du 19 novembre, Le Café pédagogique (www. cafepedagogique.net)
(2) Antibi, A & Luciani, S (2007). Les notes : la fin du cauchemar ou en finir avec la constante macabre. Paris : Fernand Nathan. 
(3) 3e journée de refus de l’échec scolaire. www.afev.fr 
 

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