Depuis quelques jours, les résultats de l’étude de Bruno Suchaut sur l’arbitraire d’une notation sans concertation, établis à partir d’une expérimentation portant sur des copies de sciences économiques et sociales du baccalauréat*, ont été largement commentés dans les médias. Or, on sait depuis long […]

La chronique d'Yveline Jaboin : Avril 2008 - L'arbitraire de la notation

Publiée le 01 mai 2007 dans la catégorie Archives


Depuis quelques jours, les résultats de l’étude de Bruno Suchaut sur l’arbitraire d’une notation sans concertation, établis à partir d’une expérimentation portant sur des copies de sciences économiques et sociales du baccalauréat*, ont été largement commentés dans les médias. Or, on sait depuis longtemps qu’il existe une grande part d’incertitude dans la notation au bac, comme à n’importe quel concours ou examen. Et, la notation, mesure chiffrée imprécise de la performance scolaire, témoigne de la réussite scolaire de l’élève et conditionne son avenir professionnel et social.

Cette étude confirme les connaissances antérieures sur la question des aléas de la notation, montrant, pour la même copie, l’ampleur des écarts de correction d’un correcteur à l’autre. Le phénomène est donc loin d’avoir disparu. Tout semble se passer comme si les enseignants ignoraient les résultats des expérimentations ou n’y « croyaient » pas ! Depuis longtemps, on sait que, dans les pratiques de notation, les caractéristiques individuelles de l’élève (attributs physiques, sociaux, sexués), de son environnement scolaire (niveau et statut scolaires) ainsi que celles de son contexte de scolarisation (les pratiques de notation varient d’un établissement à l’autre, notamment en fonction de la tonalité sociale et scolaire du public d’élèves), engendrent des biais récurrents tout au long de la carrière scolaire des élèves.
Cette étude apporte également un complément sur la nature des biais. Elle dévoile l’instabilité de la notation d’un même correcteur qui peut noter sévèrement une copie, puis être indulgent pour une autre copie ou inversement. Par ailleurs, les commentaires accompagnant les notes attribuées à une même copie diffèrent tout autant que les notes elles-mêmes. De plus, les justifications sont beaucoup plus fournies pour les notes faibles que pour les notes élevées « comme si le correcteur se sentait d’autant plus contraint, même dans un cadre expérimental, de justifier sa pratique quand son jugement sur la production de l’élève est négatif ».
Pour réduire l’incertitude de la mesure lors des examens, Bruno Suchaut propose de fournir des outils permettant de renforcer la cohérence des pratiques. Des grilles de correction avec un barème précis pourraient garantir des aléas moins importants. Une autre possibilité consisterait à multiplier le nombre de correcteurs, à l’image de la double correction pratiquée dans certains examens, ce qui n’est évidemment pas possible pour des raisons économiques. Quand la nature des épreuves le permet et en fonction des matières, le recours aux Q.C.M. serait susceptible d’annuler les marges d’interprétation.
La notation est une pratique persistante et généralisée dans le système éducatif français alors qu’elle n’existe pas dans certains pays. Bien sûr, certains établissements ou certains enseignants se basent sur d’autres outils pour évaluer les résultats des élèves, mais ces pratiques sont minoritaires. Il est certain que l’abandon de la notation au quotidien conduirait les enseignants à changer le regard qu’ils portent sur les élèves et l’institution à revoir totalement les mécanismes de sélection, d’orientation et de certification des élèves. Les résultats de cette expérimentation ont donc le mérite de faire réfléchir les enseignants à l’heure où on s’interroge sur les procédures d’évaluation et de certification des élèves.

* Suchaut, B. La loterie des notes au bac. Un réexamen de l’arbitraire de la notation au bac. Les documents de travail de l’IREDU, DT 2008/3, mars 2008. (www.u-bourgogne.fr/iredu)

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