La liberté d’expression est de plus en plus menacée (1) dans les démocraties. Bien des réflexions banales en 1990 sont devenues condamnables en 2008. En donnant priorité au « devoir de mémoire » sur l’esprit critique, le pouvoir politique s’attribue le rôle de directeur de conscience jadis réservé […]

Novembre 2008 - Liberté d'expression - Les billets de Thierry Fourcart

Publiée le 01 décembre 2008 dans la catégorie Archives

La liberté d’expression est de plus en plus menacée (1) dans les démocraties. Bien des réflexions banales en 1990 sont devenues condamnables en 2008. En donnant priorité au « devoir de mémoire » sur l’esprit critique, le pouvoir politique s’attribue le rôle de directeur de conscience jadis réservé au clergé. Les juges condamnent quelqu’un non pour ce qu’il a dit, mais pour ce qu’il a voulu dire, ouvrant la voie aux procès d’intentions. Cet encadrement abusif concerne aussi l’enseignement. L’emprise idéologique sur le contenu des manuels scolaires s’accentue (2). L’enseignement de l’histoire devient un enjeu politique. Les libéraux critiquent l’enseignement de l’économie. Un jour peut-être, on interdira les textes d’auteurs classiques qui choqueraient certaines familles, faisant ainsi renaître l’Index, et le créationnisme sera présenté à égalité avec le darwinisme (3). Cette évolution est une régression intellectuelle. La seule solution pour développer la tolérance et l’esprit critique de nos élèves réside dans la compétence, la responsabilité et la probité des enseignants. Elle suppose la confiance de la population, le soutien et la neutralité du pouvoir politique. Ce n’est pas gagné.

1 -  Ce texte s’inspire de l’article de l’auteur La liberté sous contrôle, à paraître dans la revue Sociétal.
2 - Une résolution du Parlement européen « souligne la nécessité de remodeler le programme à tous les degrés de l'enseignement et le contenu des manuels scolaires » pour promouvoir l’égalité sexuelle (INI/2006/2135).
3 - Les Etats-Unis sont très en avance sur la France sur ces deux derniers points. On peut craindre une imitation rapide comme c’est l’habitude.


En faisant passer chaque année les mêmes tests d’évaluation aux élèves de 6e, le ministère de l’éducation nationale croit mesurer objectivement l’évolution de leurs connaissances. Cette procédure est justifiée dans le cas d’objets : on peut contrôler suivant des normes fixées la qualité des objets fabriqués par une machine et en déduire les réglages nécessaires. Elle est impuissante pour mesurer les effets de réformes sociales sur les comportements. Il ne s’agit pas alors d’objets dans un environnement constant, mais de sujets dans un contexte évolutif. La publication des tests et de leurs réponses sur internet biaise de toute évidence les résultats. Que dirait-on si les sujets du brevet étaient toujours les mêmes ? La fixité des critères ne prend pas en compte l’évolution économique et sociale générale dont dépend la réussite scolaire. Enfin, la difficulté d’interprétation des résultats est accentuée par la pauvreté de l’information observée, due à sa nature uniquement quantitative. Cette évaluation ne peut être effectuée par des méthodes des sciences de la matière appliquées directement aux sciences de l’homme et de la société. L’erreur scientiste est bien connue mais reste malheureusement très répandue.

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