Définis par la circulaire du 20 juin 1996 relative à l’organisation de la scolarité au collège, les SEGPA (Sections d’Enseignement Général et Professionnel Adapté ) ont succédé aux Sections d’Education Spécialisée (SES) créées en 1967, et les EREA (Etablissements Régionaux d’Enseignement Adapté) aux E […]

La chronique d'Yveline Jaboin : Janvier 2009 - Les enseignements adaptés dans le second degré

Publiée le 01 février 2009 dans la catégorie Archives


Définis par la circulaire du 20 juin 1996 relative à l’organisation de la scolarité au collège, les SEGPA (Sections d’Enseignement Général et Professionnel Adapté ) ont succédé aux Sections d’Education Spécialisée (SES) créées en 1967, et les EREA (Etablissements Régionaux d’Enseignement Adapté) aux Ecoles Nationales de Perfectionnement (ENP) créés en 1954. Scolarisant initialement des élèves de 14 à 18 ans qualifiés de « déficients intellectuels légers », ces structures accueillent aujourd’hui essentiellement des adolescents en grande difficulté scolaire et/ou sociale.

Les enseignements adaptés dans le second degré, à l’instar des autres secteurs de l’ASH (Adaptation et Scolarisation des élèves en situation de Handicap), constituent, pour les professeurs des écoles (et constituaient pour les instituteurs), une des rares possibilités de développement professionnel, engendrant une progression dans la carrière reconnue institutionnellement. En effet, dans l’enseignement général des SEGPA-EREA, exercent des enseignants du premier degré, en principe spécialisés, c’est-à-dire titulaires de l’option F du CAPA-SH (Certificat d’aptitude professionnelle pour les aides spécialisées, les enseignements adaptés et la scolarisation des élèves en situation de handicap). L’obtention de ce certificat nécessite un investissement professionnel prenant place dans le cadre de la formation continue, dans une perspective de développement professionnel, sa préparation et sa présentation pouvant se faire institutionnellement ou en candidat libre. L’enseignement professionnel y est assuré par des professeurs de lycée professionnel (PLP).

Or, les enseignantes (institutrices ou professeurs des écoles) sont loin de saisir cette possibilité d’évolution dans la carrière aussi souvent que leurs collègues masculins. Globalement, les hommes représentent environ 20% du personnel enseignant dans le premier degré public. Or, leur représentation atteint environ un tiers des effectifs dans le secteur de l’ASH. Et, au sein de l’ASH, ils constituent environ la moitié des personnels du premier degré dans les enseignements adaptés du second degré. En revanche, ils sont sous-représentés à l’école maternelle (moins de 10%)(1). Si l’on se base sur la surreprésentation relative des hommes dans les SEGPA-EREA et sur celle des femmes à l’école maternelle, l’élève « idéal » des enseignants du primaire serait un adolescent « en grande difficulté scolaire et/ou sociale », scolarisé dans un établissement du second degré (collège ou EREA), celui de leurs collègues féminines un enfant pré-scolarisé dans un établissement du premier degré, l’école maternelle.

Par conséquent, dans le primaire, la forte féminisation du corps enseignant - qui fait communément apparaître la profession comme un « métier de femmes », érigeant ainsi des qualités de genre en compétences professionnelles – est loin d’être homogène. Or, la proportion d’hommes varie fortement selon le sous-secteur d’exercice mais également selon le poste occupé, mettant au jour une surreprésentation de la population masculine dans les postes permettant une évolution dans la carrière.  Ainsi, les enseignements adaptés donnent les moyens aux hommes d’enseigner dans le second degré et de s’éloigner de l’image sociale - actuellement prépondérante dans l’imaginaire collectif concernant le premier degré - d’un « métier d’appoint », « sans histoires », exercé par des femmes, mères de familles, sollicitant des qualités maternelles (2). De même, prendre un poste de direction ou de conseiller pédagogique de circonscription leur permet de conforter leur identité masculine en prenant de la distance avec l’image de l’enseignant oeuvrant devant un public d’enfants (3) pour laisser cette place aux enseignantes, toujours considérées potentiellement comme des mères éducatrices.

(1) Procoppe, A. (2002). Les instituteurs et professeurs des écoles du secteur public à la rentrée 2000. Note d’information, n°02.29, p. 1-6.
 (2) Jaboin, Y. (2007). Enseigner dans les enseignements adaptés du second degré ou à l’école maternelle : le choix des hommes. Congrès International « AREF » (Actualité de la Recherche en Education et en Formation ), Strasbourg, AECSE , ABC-Educ, SSRE, Université de Haute Alsace, Université Louis Pasteur et Université Nancy 2, 28-31 août.
(3) Cacouault, M. & Combaz, G. (2004). « La direction d’écoles dans le premier degré : une ‘affaire d’hommes’ ? Contribution à une sociologie des personnels de direction ». Communication au 5e Congrès international d’actualité de la recherche en éducation et en formation. Paris, CNAM, 31 août-4 sept.

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