Alors qu’en février 2001, le Comité National d’Evaluation poussait un cri d’alarme quant au manque de candidats aux concours des IUFM, une enquête menée par l’Education nationale confirmait que 52% des bacheliers de la session 2000 entrés à l’université rejetaient vigoureusement toute idée de rejo […]

Actualités : Moi, prof ?!!! Ça va pas, non !

Publiée le 01 décembre 2010 dans la catégorie Archives


Alors qu’en février 2001, le Comité National d’Evaluation poussait un cri d’alarme quant au manque de candidats aux concours des IUFM, une enquête menée par l’Education nationale confirmait que 52% des bacheliers de la session 2000 entrés à l’université rejetaient vigoureusement toute idée de rejoindre un jour le corps enseignant ! Pourcentage en progression de 12 points si l’on s’en référait à celui de 1998.
Toujours selon le CNE, les candidats avaient effectivement été nombreux jusqu’en 1996, ce qui permettait une sélection de qualité. Il déplorait, faute d’effectifs suffisants, avoir assisté à des recrutements de rentrée, faits dans l’urgence, en ayant recours aux étudiants des listes complémentaires pour le 1er degré, et aux contractuels pour le 2nd degré.

Etait alors lancée une grande campagne « Professeur. Et si l’avenir c’était vous ? »
Comment les jeunes enseignants parlent-ils de leur situation ?

Un sondage CSA réalisé en mai et juin dernier auprès d'enseignants ayant moins de cinq ans d'ancienneté confronte les résultats avec un sondage SOFRES de 2001 : les résultats sont pour le moins étonnants...

Concernant le métier : 71 % des interrogés ont choisi le métier par vocation contre 64 % en 2001 et 72 % déclarent avoir vécu des débuts satisfaisants contre 74 % en 2001 (Rappelons qu’il s’agit-là d’enseignants récemment entrés dans la profession et ayant été formés dans les IUFM).

Concernant la formation et la réalité du terrain : 61 % ne sont pas satisfaits de leur formation contre 73 % en 2001 et 45 % déclarent que le manque de préparation à la réalité du terrain leur a fait défaut contre 46 % en 2001.

Concernant leur avenir : A la question que souhaiteriez- vous faire dans 15 ans, 40 % répondent « autre chose » contre 37 % en 2001.

Les écarts de % dans les réponses ne sont pas aussi grands qu’on aurait pu l’imaginer, et la constante, c’est que si au départ, la motivation est bien là, le système use rapidement la plupart des bonnes volontés…
 

10 ans plus tard, où en sommes-nous ?

La situation s’est dégradée et l’entrée en vigueur cette année de la réforme de la formation des enseignants n’a pas joué en faveur d’un regain d’attrait pour la profession. Certains observateurs avancent que les dysfonctionnements clairement annoncés avant sa mise en place n’ont pas dû inciter les étudiants à s’aventurer dès la première année sur cette voie jugée un peu « hasardeuse ».
La chute d’inscriptions aux concours 2011 avoisine les 50 % dans plusieurs académies, laissant craindre, d’ici à trois ans, une pénurie de candidats aux métiers de l’enseignement.
Le nombre de candidats aux concours externes est de 55 202 dans le premier degré, contre 96 714 en 2010, et de 65 000 dans le second degré, contre 86 500 en 2010.
Quant au Capes, la baisse est de 25 % .
L’académie de Créteil a connu une situation inédite en septembre dernier avec seulement 1324 candidats (3100 étaient inscrits) passant les écrits du concours de recrutement des professeurs des écoles contre environ 4000 l’année précédente. Conséquence : un taux d'admissibilité dépassant les 80% afin de répondre aux 541 postes de l’académie à pourvoir.
Pire : il y aurait eu, au niveau national, 25 % d’inscrits en moins aux concours de l'enseignement technique ; sur les 3.300 candidats moins de la moitié se serait présentée aux épreuves. Afin de pourvoir tous les postes, les jurys auraient été contraints à "repêcher" certaines copies notées zéro...
La conséquence directe, ce sont les répercussions de tels recrutements sur la qualité de l’enseignement dans les années à venir. Et c’est là un sérieux problème ! Alors que les performances de nos élèves baissent d’année en année, comment imaginer inverser la tendance avec des étudiants qui vont devenir enseignants alors qu’il y a dix ans, certains n’auraient même pas franchi le cap de la licence !

 

Une pénurie qui touche toute l’Europe

Difficulté de recrutement, démissions, important nombre de départs à la retraite, c’est l’Europe entière qui est concernée par le problème.
> En Allemagne : en 2009 il manquait 20 000 professeurs dans l’ensemble du pays. Sur 800 000 enseignants, près de 40% ont plus de 55 ans et 300 000 départs à la retraite sont prévus dans les dix années à venir.
> En Belgique : la situation est alarmante, le nombre d’élèves sans professeurs explose, les enseignants se retrouvent à enseigner des matières autres que la leur. 40% des jeunes profs arrêtent avant leur 5ème année.
> En Suisse : la pénurie se fait sentir depuis quelques années déjà. Dans de nombreux cantons, des enseignants sont déjà appelés à la rescousse et engagés à des postes pour lesquels ils ne sont pas formés. 35 % ont plus de 50 ans et le pays va avoir besoin de 5000 candidats d'ici à 2016.
> En Grande-Bretagne : depuis près de dix ans, le gouvernement britannique multiplie les efforts pour attirer de nouvelles recrues. La moitié des enseignants a plus de 45 ans et la plupart prennent leur retraite à 55 ans. Par ailleurs, le niveau de qualification des futurs enseignants britanniques pose problème…
> En Norvège : depuis 5 ans, la situation est préoccupante et selon les estimations actuelles, le pays aura besoin de 7000 à 10 000 enseignants de plus au cours des dix prochaines années.
> En Suède : le nombre d’enseignants nouvellement formés baisse constamment depuis dix ans et un quart abandonne le métier dénonçant les conditions de travail, le stress et la rémunération.
> En Pologne : 12 % des établissements manquent d’enseignants qualifiés.
Quant au déficit d’enseignants spécialisés, c’est toute l’Europe de l’ouest qui est touchée, et ce, principalement dans les matières scientifiques.
Des mesures d’urgence s'imposent : s'ils veulent éviter le recrutement de personnel insuffisamment qualifié, les gouvernements n'auront d'autres choix que de redorer l'image de la profession et la rendre financièrement plus attractive, mais les sévères restrictions budgétaires imposées par la crise laissent à penser qu'il en sera autrement. Certains s'accordent à dire que la charge de travail des enseignants va s'alourdir, que les effectifs des classes vont augmenter et que probablement les professeurs devront enseigner plusieurs matières.
Ce qui promet des années à venir mouvementées...
Caroline Proust

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