Alors que les objectifs du processus de Bologne visent, pour chaque pays européen, 50 % d’une génération diplômée de l’enseignement supérieur, la France arrive péniblement à 41 %, dont seulement 27% au niveau licence et plus. Le nombre de nos bacheliers issus des filières générales baisse et notre  […]

Actualités : Vers un examen de passage en 6ème ?

Publiée le 01 novembre 2010 dans la catégorie Archives


Alors que les objectifs du processus de Bologne visent, pour chaque pays européen, 50 % d’une génération diplômée de l’enseignement supérieur, la France arrive péniblement à 41 %, dont seulement 27% au niveau licence et plus. Le nombre de nos bacheliers issus des filières générales baisse et notre collège unique révèle l’ampleur de son échec. A chaque nouvelle enquête PISA, la France se classe un peu plus mal, et les études et rapports de la DEPP évaluant les performances de nos élèves vont dans le même sens. Les regards commencent à se tourner en amont…

A qui la faute ? … « Au primaire bien sûr ! »

- Au primaire et à son incapacité à faire sortir de ses rangs 100 % d’élèves sachant correctement lire, écrire et compter. 
- Au primaire dont les programmes ne cessent de s’appauvrir, de se disperser et qui ne permettent plus la transmission des apprentissages fondamentaux.
- Au primaire qui ne sait plus inculquer à ses élèves les notions de rigueur dans leur travail, d’effort et de persévérance.

Il est bon de rappeler les résultats d’une enquête menée en 2007 par la DEPP : des élèves de CM2 avaient été confrontés aux mêmes épreuves que leurs aînés en 1987. Il était ressorti de cette étude qu'en lecture, 20% des élèves de 2007 avaient le niveau des 10% les plus faibles en 1987. En orthographe, la dictée comptait 85 mots : 46% des élèves avaient fait plus de 15 erreurs en 2007, contre 26% en 1987. Quant aux mathématiques, 41% des élèves de CM2 n'avaient pas le niveau requis. A noter au passage que ces élèves de 1987 étaient eux-mêmes moins performants que les générations précédentes.

Alors chacun pourra, selon ses convictions, montrer du doigt l’hétérogénéité croissante des élèves au sein d’une même classe, les déficiences de certaines familles en matière d’éducation et de transmission de valeurs, les programmes trop lourds, le nivellement par le bas, le « pédagogisme », les rythmes scolaires inadaptés, le manque de moyens financiers, les suppressions de postes là où il faudrait dédoubler les classes, les enseignants de plus en plus mal formés à la réalité du terrain… Sans doute y aura t-il un  peu de vrai dans chaque accusation, mais, en attendant, que fait-on ?
Faut-il, comme le suggère M. Copé, « créer un examen de fin de CM2, d’évaluation des enfants » et surtout revenir au principe que « mieux vaut redoubler, pour protéger l’enfant, que le faire passer au collège et lui faire courir un vrai risque de décrochage » ? Plus que la question d’un examen d’accès du CM2 vers la 6ème, c’est celle du passage quasi systématique de classe en classe qui se pose ici.

Game over... Recommencer la partie ?

Devant leur console de jeux, pour passer de niveau en niveau, les enfants savent qu’ils doivent acquérir des compétences, des connaissances, comprendre des mécanismes et les appliquer au bon moment. Ils acceptent leur défaite et, loin de se décourager, ils recommencent inlassablement chaque palier jusqu'à ce qu'ils accèdent enfin au suivant, avec le sentiment d’avoir triomphé de la difficulté.
Pourquoi serait-ce différent à l’école ?!!!

Sans forcément parler de redoublement qui, dans la grande majorité des cas se révèle inefficace, pourquoi n’instaurerait-on pas un système qui permettrait aux enfants plus lents dans leurs apprentissages ou montrant des difficultés d’acquisition, d’avancer à leur rythme et par conséquent  de revenir autant de fois que nécessaire sur les notions non assimilées ? Une filière parallèle qui offrirait la possibilité d’un CP/CE1 en trois ans, par exemple et qui pourrait même (pourquoi pas ?) accorder aux enseignants la liberté de s’inspirer de pédagogies différentes (Freinet, Montessori et autres)... Cela se pratique déjà avec succès dans certains établissements du secteur privé qui proposent des parcours adaptés au profil des élèves « atypiques » (filières plus courtes pour les EIP, plus longues pour les élèves en difficulté). Pourquoi ne pas l’expérimenter dans le public ?

Evidemment, ceci irait à l’encontre du sacro-saint principe d’une même école pour tous, mais pourquoi vouloir à tout prix une éducation identique pour des élèves qui, eux, ne le sont pas ? Viendrait-il à l’idée d’un pépiniériste d’appliquer le même engrais à ses différentes variétés de roses ? Bien sûr que non ! Celui qui conviendrait aux unes brûlerait les racines des autres…
La seule chose qui compte n’est-elle pas de donner aux élèves les plus fragiles, les bases suffisamment solides qui leur donneront confiance en eux, leur permettront de poursuivre une scolarité moins chaotique qu’elle ne l’aurait été dans un cursus classique, et, dans l’hypothèse d’une sélection à l’entrée en 6ème,  de réussir ce fameux examen de passage ?

Alors bien sûr se pose, en terme financier, le problème du maintien des élèves un an de plus dans le système scolaire : deux milliards d'euros par an selon le ministère, mais, les mesures prises tous azimuts * pour tenter de sauver ce qui peu difficilement l’être - on parle ici de jeunes ayant vécu 9 à 10 années d’échec, d’humiliation et de rage plus ou moins contenue - ne coûtent t-elles pas infiniment plus cher ?

Caroline Proust


* L'Etat dépense plus d'un milliard d'euros dans la lutte contre les difficultés scolaires et éducatives (heures de soutien, mini-stages durant les vacances scolaires, internats éducatifs et plus récemment les Etablissements de Réinsertion Scolaire, formations pour les jeunes sortis du système sans qualification aucune, etc…), sans compter ce que les collectivités territoriales y consacrent elles-aussi : l’engrenage « décrochage, délinquance, violence » implique d’énormes moyens en prévention, médiation, répression et réparations…

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